Posted by Cédric on April 25, 2017

Il n’est pas rare de trouver dans le lac de Créteil (Val-de-Marne) des spécimens atteignant les 30 kilos. Le prix d’achat d’une carpe vivante pouvant monter jusqu’à 20 000 euros, les appétits s'aiguisent.

Ils ne peuvent pas le quantifier. Et ils ne le veulent pas le faire non plus. «Si on donne trop de détails, ça pourrait attirer les braconniers», explique Jacques, garde-pêche de la zone. Dans le milieu de la pêche à la carpe, il faut dire que le lac de Créteil (Val-de-Marne) tient une place toute particulière. Car il n’est pas rare d’y trouver des spécimens atteignant les 30 kilos, quand des eaux de moins bonne qualité, elles peinent à approcher les 20.

«Ce sont de grosses bestioles, confirme Steven, animateur d’ateliers autour de la pêche. Elles font un mètre dix à un mètre vingt de long et vingt à trente centimètres de large. Alors quand on sait combien ça peut se vendre…» Et en effet, le prix d’achat d’une carpe vivante peut monter jusqu’à 20 000 euros (lire ci-dessous). Pas étonnant qu’à Créteil, un trafic se soit organisé et que Jacques, le garde-pêche de la fédération de pêche de Paris et la petite couronne, ait encore trouvé lundi dernier, des traces de matériels utilisés dans la capture de carpes vivantes.

Sous des bâches dispersées autour le lac, se cache tout ce que les braconniers utilisent pour capturer les carpes sans les abîmer. DR.

Une amende de 22 500 euros par poisson

Mais pour ceux qui s’y essayent le trafic est loin d’être sans risque. Quiconque se ferait prendre à transporter une carpe vivante de plus de soixante centimètres sans être habilité à le faire, est susceptible d’écoper de 22 500 € d’amende. Pour chaque poisson.

Mais sur le lac de Créteil, le problème ne se résume pas aux seuls braconniers. « Il y a aussi les gens qui pêchent par plaisir ou pour en manger. Ce n’est pas bien méchant mais ça fait du mal à la biodiversité ». Lors de ses contrôles, le nouveau garde-pêche constate que des branches sont arrachées, des œufs d’oiseaux écrasés. Et régulièrement, ils tombent sur des pêcheurs, non-détenteurs de la carte officielle les autorisant à pratiquer. Mais qualifié pour les verbaliser, Jacques préfère « faire de la pédagogie ».

« Quand les gens pêchent pour le plaisir, ce n’est pas la même chose que du braconnage. Alors il y a un travail d’information à faire ». D’ici quelques mois, les habitués du lac connaîtront le garde-pêche qui, ayant pris ses fonctions au mois de janvier, passe beaucoup de temps dans les environs. Ils ne pourront plus dire qu’ils ne savaient pas.

Ces tournois privés anglais où finissent les poissons

Créteil. Steven, animateur à la fédération de pêche, capture parfois des bêtes de 30 kg. Avant de les remettre à l’eau. DR.

« Ah non mais la carpe ce n’est pas un poisson qu’on mange ! En revanche ça peut vous faire gagner un 4 x 4 ». Pour Michel Noël, du collectif du lac de Créteil, le braconnage de carpe est évident. « Les carpes ne grossissent pas autant partout, notamment en Angleterre où elles évoluent dans des eaux de moins bonne qualité. Alors les braconniers viennent les chercher ici ». Une fois récupérée de la manière la plus douce possible, car une carpe abîmée perd vite en valeur, les voleurs la glissent dans un bidon rempli d’eau, le temps de l’acheminer jusqu’aux bassins privés où elles recommenceront à nager.

En France ou dans d’autres pays européens, les propriétaires de ces bassins déboursent 5 000 à 20 000 € pour acquérir les précieux poissons. Puis ils organisent des concours de pêche aux tickets d’entrée très onéreux. « Celui qui arrive à l’attraper remporte le gros lot, éclaircit le garde-pêche du département. Vous faites payer 500 € la semaine, ça fait vite un bon pactole. Voilà ce qui explique un tel trafic. »

Sources : http://www.leparisien.fr/creteil-94000/creteil-le-fructueux-trafic-qui-p...

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